Chères yoginis, chers yogis,
Ça y est, l’année commence, on a à peine le temps de digérer ses bredele (petits gâteaux de Noël alsacien), qu’il faut déjà repartir, se lancer dans de nouveaux projets, prendre de nouvelles résolutions, sans oublier de souhaiter la bonne année à Tonton Gérard et à Mamie Lucette. On espère que cette nouvelle année sera plus remplie d’espoir et de joie que la précédente, on attend le petit miracle ( pour ma part, je l’attends vraiment, il est prévu pour début Avril ! ).
Les espoirs fous, on en a toutes et tous. Ceux qu’on avoue et ceux qu’on n’ose pas avouer. Mais au fond de notre coeur, on espère toujours le Prince Charmant, la personnalité politique qui changera tout, le billet de loto gagnant, la proposition de job providentielle, le remède miracle pour la maladie qui nous affecte, la baguette magique qui règlera le problème du dérèglement climatique…
Bref, on attend que quelqu’un ou quelque chose vienne tout à coup nous sauver, changer notre vie en mieux.
Cela m’a frappé en regardant un documentaire Netflix sur un chirurgien adulé par les médias, validé par les plus grands hôpitaux de la planète, qui, dans les années 2010/2015 avait fait la promesse de pouvoir implanter des trachées artificielles à partir de cellules souches. Je ne me rappelle pas de ce médecin en particulier, mais je me rappelle qu’à l’époque, on parlait énormément des cellules souches avec cette promesse qu’on allait pouvoir greffer n’importe quel organe sain, créé à partir de cellules souches, à la place d’un organe malade ou défaillant. C’était la promesse de la fin du cancer et globalement de toutes les maladies graves ou presque. Or il se trouve que ce médecin n’a en fait que greffé des trachées en plastique dans la gorge de ses patient.e.s, heureusement peu nombreux, sans avoir préalablement suivi de protocoles de test. ( Je vous la fait courte. Le documentaire est en 3 ou 4 épisodes ! ) La plupart sont décédés après l’intervention…
Ce documentaire m’a questionnée. Pourquoi tant de gens avaient cru en cet homme sans vérifier qu’il avait bien testé sa méthode avant ? Hé bien je crois que la raison est tout simplement parce que nous avons envie d’y croire. Nous avons envie que quelqu’un nous dise : « je peux vous aider, je peux vous guérir, j’ai la clé du bonheur ou de la paix intérieure, je sais comment régler tous vos problèmes ; il suffit de… »
Et cela m’a rappelé mes débuts avec le Yoga. Après avoir découvert le Yoga, j’ai commencé à pratiquer assidument l’Ashtanga Vinyasa Yoga. C’est une pratique intense physiquement, longue, rigoureuse, quasi militaire. Et nombre de mes professeurs d’Ashtanga me disaient que c’était ça le Yoga, et rien d’autre. Très souvent, je me référais à cette petite phrase de Pattabhi Jois ( le fondateur de l’Ashtanga ) : « Practice and all is coming. » ( « Pratique, et tout viendra » ). J’avais fini par croire que si je pratiquais tous les jours ma série ( qui dure en moyenne 1h30 et comporte environ 80 postures avec un Vinyasa entre chaque ), je n’aurais plus de problèmes de dos et je parviendrais à l’équanimité et à la paix intérieure. Le problème c’est que je n’y arrivais pas. Je n’arrivais pas à pratiquer tous les jours parce que c’était trop intense pour mon corps et pour mon mental. Du coup, je me culpabilisais. Et quand bien même j’arrivais à pratiquer tous les jours ou presque, je finissais par avoir des douleurs articulaires.
Mais pendant longtemps, j’ai cru que c’était ça la clé à tous mes problèmes ou presque. Avec 10 ans de recul et une pratique qui a radicalement changé et évolué, une pratique qui s’est nourrie d’autres courants du Yoga, de connaissances anatomiques, de plus de subtilité ; je remets le Yoga à sa place. Yoga est un état, mais c’est aussi un outil. Parfois, pour un court instant, j’atteins cet état de Yoga, de félicité, d’union, de liberté intérieure, grâce à cet outil à milles facettes qu’est le Yoga, mais aussi parfois simplement en regardant ma chienne courir dans un pré. Aujourd’hui, je comprends la phrase de Pattabhi Jois de manière très différente : je pratique, je continue de pratiquer mais de façon exploratoire. Et plus je continue de pratiquer, plus je m’ouvre à d’autres manières de faire, qui m’apportent différentes choses, comme un peintre avec ses couleurs.
J’ai compris que personne, pas même ma pratique du Yoga, n’était une baguette magique pour régler tous les problèmes de ma vie. Il y aura toujours des temps de souffrance et des temps de félicité. Simplement, plus le temps passe, plus j’apprends à me connaître, plus je découvre des outils qui m’aident sur mon chemin, plus j’acquière de connaissances, plus j’apprends à développer la compassion envers moi-même et envers les autres. Il n’y a pas de baguette magique, ni de sauveur ou de sauveuse. Il y a juste un chemin, un processus d’apprentissages et de mises à nue qui nous aide à mieux accepter les dukha , les souffrances inhérentes à la vie.
C’est ce que je vous souhaite pour 2024. Pas une baguette magique, ni une personne providentielle, ni un remède miracle, mais des outils pour apprendre à mieux vous connaître, à avoir plus de compassion pour vous et pour les autres, et ainsi, atténuer vos souffrances et donc celles de ce monde.
Ariane,