Pour ce mois d’Octobre, je vous propose de pratiquer sur le thème d’"Octobre Rose et du Courage". Tout le début du planning est consacré à mes séances de Yoga Rose en ligne. Il s’agit de séances douces qui visent à dénouer les articulations mais aussi à traverser les émotions et les difficultés rencontrées sur le chemin vers la guérison du cancer du sein. Vous trouverez également dans ce planning deux séances accessibles à toutes et à tous pour dénouer les articulations, qu’on appelle Pawan Mukta.
Dans la deuxième partie du planning, je vous propose des séances tournées vers le courage des guerrières et des guerriers ! Vous y trouverez une séance avec la déesse Durga, guerrière courageuse et intrépide, mais aussi une séance avec le dieu Hanuman dont le mythe parle lui aussi de l’action désintéressée, guidée par l’amour et la dévotion.
Pour retrouver ces séances : tapez les mots-clés des titres dans les barres de recherche sur YouTube !
Chères yoginis, chers yogis,
« Il ne faut renoncer ni au geste d’offrande, ni à l’action généreuse, ni à l’effort intérieur ; cela il te faut l’accomplir. (…)
Seulement, ces actions, c’est sans s’y attacher, sans idée de leur fruit, qu’il faut les accomplir. C’est cela qui est pour moi la vision la plus haute. (…)
Renoncer à l’action sous prétexte qu’elle est périlleuse, par peur d’en souffrir dans son corps, c’est un renoncement passionnel qui n’obtient aucun fruit. (…)
Quand on possède un corps, renoncer à l’action est une impossibilité. Mais renoncer aux fruits de l’action c’est cela qui, en vérité, constitue le vrai renoncement. »
Bhagavad Gītā, XVIII - 5 à 11
En préparant cette newsletter, je me demandais quelles étaient les actualités du moment, en lien avec le Yoga. J’ai tout de suite pensé au procès Mazan où la courageuse et digne Gisèle Pélicot affronte ses dizaines d’agresseurs et les médias. Et puis j’ai aussi pensé au fait que chaque mois d’Octobre est consacré à la lutte contre le cancer du sein. Au début, je me suis dit qu’il n’y avait aucun lien entre ces deux événements. Et puis j’ai pensé à la Bhagavad Gītā. Parce que ce que les femmes qui se battent contre le cancer du sein sont autant des guerrières que Gisèle Pélicot.
Que nous dit la Bhagavad Gītā ? Ce texte nous parle d’Arjuna, ce guerrier qui se trouve devant le champ de bataille mais qui se refuse de combattre car dans les deux camps se trouvent des gens qu’il aime. Le conducteur de son char, le dieu Krishna, dialogue alors avec lui sous la forme d’un long poème.
Si je résume, Krishna dit à Arjuna : « en fait, peu importe qui meurt et qui survit, qui gagne ou qui perd. Ce qui importe, c’est que tu agisses selon ton dharma . Tu dois agir, tu dois te battre car tu es un guerrier. Tu ne peux pas t’abstenir, te retirer, juste pour sauver tes fesses ou ta bonne conscience ! Agis, mais fais le sans chercher les fruits de ton action. Sans chercher à obtenir la gloire ou à parvenir à un quelconque résultat. »
Alors qu’est-ce que c’est que ce dharma ? Souvent, je le traduis un peu rapidement par « devoir » ou « destin ». Mais dans la première traduction, il y a une notion d’obligation et dans la seconde, une absence de libre arbitre. Or le dharma, ce n’est ni une obligation qui viendrait d’en haut, ni un « c’est écrit, de toute façon on ne peut rien y faire ». On pourrait plutôt parler de « sens de la vie ». Ton dharma, ce sont la ou les choses pour lesquelles tu es incarné sur cette Terre. Pour les hindouistes, et c’est d’ailleurs ce qui suit dans le texte de la Bhagavad Gītā, le dharma correspond aux actions qui doivent être menées en fonction de la caste dans laquelle on est né. Si on est un Vaishya, alors il faut labourer. Si on est un Brahmane, alors il faut étudier les textes.
Mais on peut comprendre cela de manière beaucoup plus large. La vie est faite de combats. Des combats intérieurs, de batailles contre le système, de luttes pour changer une situation, de disputes, d’épreuves. Évidemment, ce n’est pas forcément comme cela qu’on aimerait que la vie soit ! Mais c’est comme cela que la Bhagavad Gītā la décrit. Combat ne signifie ainsi pas forcément violence mais simplement que nous ne pouvons pas échapper à la vie et à ses épreuves. Faire la tortue, fermer les yeux, rester dans le déni, tout cela nous empêche d’accomplir notre dharma, nous empêche de nous lancer dans la bataille.
Agir est donc une chose essentielle selon la Bhagavad Gītā. Et cette action ne sera probablement pas dénuée de souffrance. Mais si nous cultivons le détachement : détachement par rapport au fait que ce corps n’est qu’un corps, détachement par rapport à l’issue de nos actions, alors nous pourrons nous libérer de la souffrance et nous unir à la pure conscience et au divin.
Je sais, c’est tout un programme ! :) Mais je crois que ce que l’on peut retenir de ce texte, c’est qu’en chacun.e de nous sommeille un ou une guerrière, un être capable de se lancer dans le combat ou d’affronter les épreuves de la vie et que, si nous parvenons à entrer en action sans attendre aucun résultat précis, alors cela réduira grandement nos souffrances.
Je dédie donc cette newsletter à toutes les guerrières qui se battent en ce moment contre la maladie ou contre les injustices. Quels que soient l’issue de vos combats, vous êtes fabuleuses et pleines de courages.
Ariane